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ANTIQUITE
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chevaux aryens en orient

plan 2

des Aryas aux Perses (2)

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sceau de Cyrus I (Kurras l'Anshanite) roi d'Anshan sous Assurbanipal et grand père de Cyrus II "le grand"ph. Livius)

p217
Pour glorifier la monarchie et rehausser le mérite de son héros, Xénophon avait attribué à Cyrus la plupart des belles institutions des Perses.

Quelques auteurs modernes, renchérissant sur la supposition gratuite de Xénophon, ont prétendu que l'autonomie, que l'existence même des Perses comme nation date de Cyrus;
mais c'est une erreur manifeste;
et l'on sait par l'inscription trilingue du rocher de Bisoutoun, dans laquelle Darius, deuxième successeur achéménide de Cyrus, raconte sa propre histoire, que six ancêtres des Achéménides avaient été souverains indépendants en Perse avant la période d'assujettissement aux Mèdes, qui prit fin lors de la révolte des Perses commandés par Cyrus
(Voyez Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, p. 113, 161-163 et passim.)

Xénophon reste davantage dans la vraisemblance historique, et il dit peut-être vrai lorsque, après avoir rappelé qu'à l'époque de Cyrus la plupart des nations antiques s'étaient servies de chars de guerre

« tels qu'en ont encore les Cyrénéens »,

il raconte que Cyrus en fit construire de plus larges et plus solides, armés de faux (Cyrop., VI, 1).
Xénophon fait du reste remarquer au même endroit que

"cette nouvelle invention, imaginée par Cyrus, est encore en usage dans les pays soumis aux Perses";

et il avait pu constater le dernier fait de visu à la bataille de Cunaxa, ou périt Cyrus le Jeune, révolté contre son frère Artaxerxès Mnémon, en l'an 401 avant Jésus-Christ.
Xénophon raconte qu'à cette bataille Artaxerxès avait 860 000 fantassins,150 chars armés de faux et 6000 cavaliers
(Retraite des Dix mille, I, 7).

Suivant Diodore
(XVII, 53), il existait même encore 200 de ces chars armés de faux dans l'armée forte de 800 000 fantassins et de 200 000 cavaliers avec laquelle Darius Codoman combattit Alexandre à Arbèles, en l'an 331 avant notre ère.
Arrien
(III, 4) évalue cette armée à 1 000 000 de fantassins, 40 000 cavaliers et 200 chars armés de faux.

Malgré l'incertitude des chiffres, il est évident que la cavalerie proprement dite avait acquis sur les chars de guerre une prépondérance numérique bien marquée, presque exclusive, dans les armées des rois achéménides.

La construction par Darius des 200 chars de guerre armés de faux avait même été déterminée par l'échec qu'il avait éprouvé deux ans auparavant, en perdant la bataille d'Issus, à la tête d'une armée dans laquelle
Diodore (XVII, 31) fait figurer

« plus de 400 000 fantassins et au moins 100 000 cavaliers »,

mais pas un seul char de guerre, chiffres qui concordent assez avec celui de 600 000 hommes, tant fantassins que cavaliers, donné par Arrien (II, 5).

Piétrement 1882

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Après avoir énuméré toutes les nations qui fournirent des contingents à l'armée avec laquelle Xerxès attaqua la Grèce en l'an 480 avant notre ère,
Hérodote dit aussi que toutes ces nations avaient de la cavalerie (VII, 84), mais que les seules qui en aient fourni étaient les Perses, les Sagartiens de race et de langage persique, les Mèdes, les Cissiens, les Indiens, les Bactriens, les Caspiens, les Libyens, les Caspires, les Paricanes et les Arabes (VII, 84-86).
On voit en outre dans ces chapitres 84-86 que tous les Arabes étaient montés sur des chameaux aussi rapides que des chevaux, que tous les Libyens combattaient sur des chars, que les Indiens

"se servaient tant de chevaux de selle que de chars attelés de chevaux ou d'ânes sauvages » a3 (Note: Si l'on était certain que le texte d'Hérodote n'a pas été altéré, il faudrait en conclure qu'il s'agit ici d'un essai de domestication d'hémiones par les Hindous, car on verra dans le chapitre XIV qu'il n'a jamais existé de véritables ânes sauvages en Asie, et par conséquent que les (?grec) asiatiques d'Hérodote et autres auteurs grecs, étaient des hémiones.

et que les autres peuples n'avaient fourni que des cavaliers.

Tous ces faits montrent que l'usage des chars de guerre touchait à son déclin, était sur le point de disparaître dans l'empire perse à l'époque des Achéménicles, malgré les faux dont on les avait armés, pour remédier à leur inefficacité depuis longtemps reconnue comme engins de guerre ; et c'est pourquoi Hérodote disait déjà de l'éducation des enfants perses de son temps :

" Elle consiste en trois seules choses : monter à cheval, tirer de l'arc et dire la vérité » (I,136).

Nous savons toutefois par Diodore (XX, 113) que, trente ans après la chute des Achéménides, Séleucus Ier, maître de la Perse, de la Médie, de l'Hyrcanie et de la Bactriane, avait encore sous ses ordres

« environ vingt mille hommes d'infanterie, près de douze mille archers à cheval, quatre cent quatre-vingts éléphants et plus de cent chars armés de faux »,

lorsqu'il vint de la haute Asie en Cappadoce, pour y combattre Antigone, qu'il vainquit à la bataille d'Ipsus, en l'an 301 avant Jésus-Christ.

II paraît même que plus de cinq siècles plus tard, vers l'an 230 de notre ère, l'usage des chars de guerre fut de nouveau essayé par le fondateur de la dynastie des Sassanides, Artaxerxès ou Ardeschir-Babegan, auquel Lampride en donne contradictoirement 1800 dans le chapitre LIV et seulement 1000 dans le chapitre LV de sa Vie d'Alexandre Sévère.

Piétrement 1882

N.B. : Il est dit dans la page 4 sur les chevaux des Assyriens, que

" [.....] tous les chevaux des bas-reliefs assyriens sont de type aryen pur.
[.......]
Les Assyro-Chaldéens doivent en conséquence s'être constamment efforcés par la sélection, par le choix d'étalons aryens, de faire prédominer le sang de ces derniers dans leur population chevaline, et ils y étaient nécessairement parvenus, malgré l'arrivée continuelle des contingents de chevaux provenant tant des razzias que des contributions, et parmi lesquels figuraient des chevaux mongoliques.
(Piétrement)

Cette assertion est discutée dans une page spéciale egas,

Il y est dit aussi

" Il est vrai que jusqu'ici les textes assyriens sont restés muets sur la constitution et l'importance des haras qui ont amené un tel état de choses dans l'ancienne Mésopotamie, mais la lacune que laisse leur silence est comblée par Hérodote. [...] (Piétrement)

Ce que rapporte Hérodote concerne le présent sujet , de même que la fin chapitre VII de Piétrement.

L'empire Assyrien étant tombé sous les coups de Cyrus, celui-ci en hérite directement pour tout, y compris chevaux et histoire.....

 
Cet auteur
(Hérodote) raconte (I,192) que Cyrus nomma Tritantechme gouverneur ou satrape de la Babylonie, après la conquête de cette contrée, dont il vante la richesse et la fertilité. Puis après avoir dit que ce satrape en tirait un plein atarbe, c'est à dire environ cinquante-cinq litre d'argent par jour, il ajoute cette phrase, que nous traduisons mot à mot:
" Et encore les chevaux à lui appartenaient en propre, outre ceux de guerre, d'une part huit cents saillissant les femelles, d'autre part six mille et une myriade saillies, car chacun de ces mâles saillissait vingt cavales."

[.....]
Comme toutes les richesses et tous les produits de la Babylonie sont donnés par Hérodote, non pas comme le résultat des institutions de Cyrus, mais bien comme des choses que la fortune fit tomber entre les mains de ce conquérant, il est évident que les nombreux haras dont il s'agit étaient une institution assyro-chaldéenne qui existait dans le pays depuis un temps immémorial: ce qui indique les efforts de ses anciens rois pour se procurer des chevaux à leur goût, et ce qui explique comment ils ont fini par faire prédominer le sang aryen dans la population chevaline de la Mésopotamie, antérieurement peuplée de chevaux mongoliques.

Les considérations précédentes montrent que les rois d'Assyrie auraient pu obtenir ce résultat par le seul fait des razzias de chevaux opérées chez leurs voisins.

Mais, en arrivant au pouvoir, les rois du premier grand empire assyrien avaient déjà trouvé en Mésopotamie des chevaux aryens, descendants de ceux qui y vinrent avec les Aryas fondateurs de la dynastie mède de Bérose.
Cet auteur place en effet cette dynastie mède immédiatement après le premier empire post-diluvien ou premier empire chaldéen; et il lui donne une durée de 224 ans dans la version d'Eusèbe, ou seulement de 194 ans dans celle de Georges de Syncelle.

M. Oppert maintient que la fondation de cette dynastie mède fut la conséquence des premières migrations des Aryas dans le sud-ouest de l'Asie (Oppert, Hist. de Chaldée et d'Assyrie, p 9-13) ; c'est aussi l'opinion de M. Lenormant, qui fait commencer cette dynastie entre l'an 2500 et l'an 2400 avant notre ère
(Lenormant Hist anc de l'Or. t Ier, p 398-399, et tII, p 242), et nous sommes entièrement de son avis.

Cette dynastie aryenne est évidemment celle qui fut détruite lors de la conquête de la Mésopotamie par le roi de Suse Koudour Nakhounta, entre l'an 2300 et l'an 2280 avant Jésus-Christ.
La date est donnée par une inscription cunéiforme, dans laquelle Assour-bani-pal dit que cette conquête eut lieu 1635 ans avant son entrée à Suse (Ménant, Ann. des rois d'Assyrie, p 269); [...]

La dynastie élamite des successeurs de Koudour Nakhounta est par conséquent la troisième dynastie post-diluvienne de Bérose, immédiatement antérieure au premier grand empire assyrien, qui fut lui-même inauguré deux mille et quelques années avant notre ère, par suite de la prépondérance de l'élément sémitique en Mésopotamie, comme on l'a vu à la page 385.

La domination momentanée des Aryas sur la vallée du Tigre et de l'Euphrate dans ces temps anciens peut même seule expliquer certains faits déjà signalés par
M. Renan dans son Histoire générale des langues sémitiques.

Il rappelle (p 61) qu'Ariok, roi d'Ellasar, fit une excursion en Syrie du temps d'Abraham (Genèse, XIV);
que le nom d'Ariok = Aryaka est incontestablement aryen, comme l'a dit Kunik;
et que les noms de Tigre et de Phrat (Euphrate) sont également aryens, comme l'a dit Eugène Burnouf .

Il fait en outre observer (p64) que, parmi les noms des dieux assyriens,

"celui de Merodak, qui entre dans la composition de tant de noms propres, Sisimordak, Mardokempal, Evil-Merodak,etc., est certainement iranien. Il faut en dire autant des noms de dignités de l'empire assyro-babylonien, pehhha, melsar, séganim, etc. (Nous avons transcrit en caractères latins les noms de dignités écrits par M. Renan en caractères hébraïques, dont plusieurs continueront à être employés sous la dynastie achéménide.)"
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Piétrement 1882

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I
l est donc avéré que, contrairement aux assertions de certains auteurs, les Achéménides ne sont pas les premiers rois aryens qui aient dominé sur la Mésopotamie, et que la dynastie mède de Bérose était réellement aryenne.

Quant aux noms aryens également signalés par M. Renan (p 61) dans ceux des rois des plus anciennes dynasties fabuleuses des rois d'Assyrie et de Babylone,
" tels qu'Arius, Aranus, Mithraeus, Otiartès, Xisuthrus,"

ils prouvent tout simplement que les fables des Assyriens sur les premiers temps de leur histoire sont nées, ou tout au moins ont pris leur forme définitive, postérieurement au règne de la dynastie aryenne;
[....]

A la page 168 de son Histoire ancienne, Maspéro dit à propos de Koudour Nakhounta:

" Ses successeurs fondèrent une dynastie nouvelle que Bérose appelle mède et qu'on a prise à tort pour une dynastie aryenne."

Mais M. Lenormant ne prend pas plus que nous la dynastie élamite des successeurs de Koudour Nakhounta pour une dynastie aryenne, puisqu'il place le commencement de la dynastie aryenne environ deux siècles avant la conquête de Koudour Nakhounta, conformément aux indications de Bérose sur la durée de sa dynastie mède.

M. Maspéro dit en outre (p.169) au sujet des grands mouvements de peuples de cette époque dont le résultat final fut la conquête de l'Egypte par les Hyksos:

"Ils me paraissent provenir d'une seule et même cause, l'apparition dans l'Asie occidentale de nouvelles populations touraniennes.
Les historiens qui recueillirent plus tard le vague écho des traditions asiatiques mettaient cette invasion sur le compte des Scythes;
un roi Scythe, nommé d'une manière invraisemblable Indathyrsès, aurait couru en vainqueur l'Asie entière et pénétré jusqu'en Egypte."

M. Maspéro indique en note qu'il fait ici allusion à un passage de Strabon, liv. XV, ch I, §6.
Voici quel est ce passage:

" Megasthène avoue.... que le Scythe Idanthyrse courut toute l'Asie et toucha à la frontière de l'Egypte."

Or cette phrase peut aussi bien s'appliquer aux Aryas qu'aux Mongols, puisque nous avons montré à la page 320 que les anciens Grecs donnaient le nom de Scythes à tous les peuples septentrionaux, quelle que soit leur race, tudesque, aryenne ou mongolique.
Le renseignement si vague de Mégasthène cité par Strabon ne saurait donc infirmer les documents positifs qui vienent d'être exposés.

C'est par conséquent avec la dynastie mède de Bérose que les chevaux aryens ont pénétré en Mésopotamie et qu'ils sont venus en disputer le sol aux chevaux mongoliques.

C'est une raison de plus pour que les rois d'Assyrie soient très anciennesment parvenus à y former une nombreuse population de chevaux aryens, tels que nous les représentent les monuments.


Enfin, de même que les anciens Sémites de la vallée de l'Euphrate doivent leurs premiers chevaux aux Mongols, ils paraissent avoir pris au contact de ce peuple l'habitude de manger ces animaux;
nous trouvons un indice de cette habitude dans l'Avesta, qui représente au Yesht V, 28-31, Dahâka faisant des sacrifices de chevaux dans la région de Babylone, comme on l'a vu à la page 200

Piétrement 1882

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