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HISTOIRE

 
     

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Chiens américains à la "découverte"

Amérique du Sud


sommaire 4

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  extrait de

LES CHEVAUX DANS LES TEMPS PREHISTORIQUES ET HISTORIQUES
Charles-Alexandre PIETREMENT

 

LES CHEVAUX ET LES CHIENS EN AMERIQUE (CHAPITRE XIII)

François Pizarre, ancien lieutenant de Cortez, part de Panama en 1525, longe les côtes du sud, recueille des renseignements sur la richesse du Pérou, vient en 1528 demander à Charles-Quint l'autorisation d'en faire la conquête, et repart d'Espagne en janvier 1530, avec ses quatre frères, tous les soldats et tous les chevaux qu'il peut se procurer.
[...]

Enfin, en 1551, les successeurs de François Pizarre avaient achevé la conquête du Pérou et du Chili jusqu'au delà du fleuve Biobio.
[...]

Or les Espagnols ne trouvèrent aucun cheval dans aucune des contrées qu'ils parcoururent alors, soit en conquérants, soit en explorateurs.

Le plus important des nombreux documents qui le prouvent est la Primera parte de los Comentarios reales etc., de l'Inca Garcilaso de la Vega, oeuvre connue en France sous le nom d'Histoire des Incas; et nous donnerons la traduction littérale d'un chapitre entier du livre IX de cet ouvrage.

" CHAPITRE XVI. - Des juments et chevaux, de la manière dont on les élevait au commencement et de leur prix élevé.
[...]

...........

"Il faut savoir tout d'abord que ces peuples n'avaient ni chevaux ni juments pour leurs guerres ou leurs fêtes, ni vaches ni boeufs pour labourer la terre et faire des semailles, ni chameaux, ni ânes, ni mulets pour les charrois, ni moutons de race d'Espagne, ni mérinos pour la laine et pour la viande, ni chèvres ni porcs pour les salaisons, ni chiens pour la chasse, tels que, etc."

Garcilaso nomme ici les diverses variétés de chiens européens propres aux différents services; il ajoute ensuite que les Péruviens possédaient

"un grand nombre de chiens, les uns grands, et les autres petits, que l'on appelle gozques en Espagne" (N: Le mot espagnol gozque et ses diminutifs gozquejo, gozquecillo, désignent une variété de petits chiens à longs poils plus ou moins ondulés ou frisés, mais moins fins que ceux des chiens dits aujourd'hui havanais. Tel est encore le mot gosquillos, par lequel sont désignés les chiens que Mandana vit aux îles Salomon en 1567, comme le rapporte la Courte relation etc., insérée dans les Voy. anc. et mod., t.IV, p. 199.);

Piétrement 1882

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  [...]

Bien que l'absence originaire du cheval dans ces régions soit suffisamment prouvée par les témoignages de Xérès, de Zarate et de Garcilaso, nous citerons cependant encore celui de Joseph Acosta, parce qu'il fournit une donnée philologique intéressante.

Acosta fut le second provincial du Pérou; il y séjourna depuis 1571 jusqu'en 1588, et il publia en un volume in-4° (Séville, 1590) une
Histoire naturelle et morale des Indes , dont Regnault Cauxois nous a donné une traduction dans laquelle on lit, au livre IV, chapitre 33:

" Je trouve qu'il y a trois sortes d'animaux ès Indes, dont les uns ont esté portez d'Espagne, les autres sont de la même espèce que ceux que nous avons en Europe, et toutes fois n'y ont point esté portez par les Espagnols, et les autres sont animaux propres des Indes, et desquels l'on ne trouve point en Espagne. De la première sorte sont les brebis, vaches, chèvres, porcs, chevaux, asnes, chiens, chats, et autres tels animaux; car il y a ès Indes de toutes ces espèces." (Page 180,b.)

" De vrais chiens il n'y en avoit point premièrement ès Indes, mais quelques animaux semblables à de petits chiens, lesquels les Indiens appellent Alco; c'est pourquoy ils appellent du même nom d'Alco les chiens que l'on y a portez d'Espagne, à cause de la ressemblance qui est entre eux, et sont les Indiens si amis de ces petits chiens, qu'ils espargneront plutôt leur manger pour leur donner. Tellement que, quand ils vont par pays, ils les portent avec eux sur leurs espaules, ou en leur sein, et quand ils sont malades ils tiennent ces petits chiens avec eux , sans se servir d'eux en autre chose que pour l'amitié et compagnie." (Page 182, a.)

Il n'est pas sans intérêt de remarquer qu'avant l'arrivée des Européens le chien s'appelair alco au Pérou, xo dans les anciennes Florides visitées par Cabeça de Vaca, et que la particule xo entre dans la composition de deux des anciennes races mexicaines énumérées par Sahagun.

Quant à la règle philologique invoquée par Acosta, elle aurait dû le convaincre aussi bien de l'existnce du chien que de l'absence des autres quadrupèdes domestiques européens chez les anciens Péruviens.

Le fait est que ce peuple possédait originairement un grand nombre de chiens grands et petits, comme Garcilaso vient de l'affirmer. Il paraît seulement qu'à l'arrivée d'Acosta au Pérou, une quarantaine d'années après la conquête de ce pays et l'introduction des races canines espagnoles, la plupart des races canines péruviennes avaient déjà disparu en raison de leur inutilité signalée par Garcilaso.
La petite race que les Péruviens avaient l'habitude de porter dans leur sein avait seule été sauvée, à cause de l'affection toute spéciale dont elle était l'objet.

Acosta est d'ailleurs, à notre connaissance, le seul auteur original, le seul témoin oculaire qui ait nié la présence du chien en Amérique avant sa découverte, ou en reconnaissant qu'il y avait déjà une petite espèce d'animaux domestiques ressemblant au chien; et il a eu un autre tort, celui d'étendre à tout le continent américain le résultat d'observations qu'il n'avait faites qu'au Pérou.
Dans son
Histoire générale, t. I, p.18, Herrera a répété l'erreur d'Acosta, et de là est née, chez quelques auteurs insuffisamment renseignés, la croyance à l'absence initiale du chien en Amérique. Mais les nombreux documents précités prouvent surabondamment qu'il existait plusieurs races de chiens en Amérique avant l'arrivée des Européens

Piétrement 1882

 

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