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ETHNOLOGIE CANINE

HISTORIQUE

Premières images

sommaire 2

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Introduction à la découverte d'images néolithiques

.

art rupestre

difficultés d'analyse

datations

interprétation des sujets

diagnose - superpositions - fidélité

*

L'étude des sépultures a montré qu'on peut dire en gros

que les relations Homme /Chien incluant des pratiques telles que décrites,

datent au moins du Néolithique ( 2eme "âge de la pierre"), étalé d'environ - 10.000 à - 2.000, en comptant large

C'est l'âge de l'émergence et de l'expansion de l'art rupestre
au prix d'un changement si bouleversant que d'aucuns parlent de "révolution néolithique" et que personne ne comprend vraiment...

Ce qui fait dire à
F. Behn, dans "l'art préhistorique en Europe", Histoire de l'art, éd. Payot, à propos de l'art rupestre du Levant espagnol,

["...] L'art de cette époque offre le plus violent contraste avec l'art précédent, dans les régions franco-cantabriques où il connaissait un très grand épanouissement.....".F.Behn, op.cit, p17

Vocabulaire

Selon H.J. Hugot Le Sahara avant le désert, Ed. des Hespérides, 1974,

"[..] Est dite « rupestre » toute expression graphique, gravure ou peinture, utilisant comme support une paroi rocheuse, indépendamment de sa qualité et de ses dimensions.[..]" Hugot, p. 238

L'art paléolithique des grottes du Périgord et autres n'échappe pas à proprement parler à cette définition.

  Toutefois on l'appellera généralement art pariétal (c-à-d. des parois (de grottes) ou art des cavernes)
alors que, conventionnellement et par différence, on
réservera l'appellation d'art rupestre à celui qui concerne tous les autres supports rocheux...

Bien que les adjectifs qui qualifient ces "deux arts" soient synonymes, de même que leur nature, ils se trouvent ainsi opportunément individualisés dans leur chronologie et leur particularisme qui fait dire à Hugot
à propos de l'art rupestre :

"[..] Les auteurs en sont, au cours des millénaires les populations les plus diverses, du début du Néolithique à l'Islam. Tous les groupes culturels que ce livre décrit y ont, plus ou moins suivant les cas, contribué."... Hugot, op.cit.,p 238

On va donc désormais trouver l'art rupestre partout, généralement moyennement esthétique, mais, par bonheur pour nous,
figuratif et narratif,
véritable "Journal" des rochers...

"[..] L'être humain qui, à l'époque paléolithique, était rarement représenté devient le centre d'intérêt et l'animal est toujours en rapport avec l'homme.
[..] les reproductions de l'homme, ou de la bête, sont empreintes du plus grand dynamisme. [..]" F.Behn, p18

analyse

Difficultés d'Analyse

Datations

Dans l'ouvrage cité, J.H.Hugot, ne manque pas de souligner la principale difficulté de son interprétation :

[...] "des datations difficiles
Mais, précisément, comment déterminer les auteurs, ou du moins l'âge des figurations rupestres, qui peuvent, sur la même paroi, être séparées par plusieurs millénaires ?.
Hugot, p240

L'étude par les moyens modernes de recherche est en cours et ses conclusions sont encore loin d'être définitives

C'est par des exemples sahariens que commencent toujours, dans la bibliographie générale canine, les figurations les plus anciennes de l'espèce ..
C'est donc le point de départ de toute analyse de la question, ce qui ne signifie pas que le sujet soit définitivement circonscrit au Sahara.

Or comme le souligne Hugot, op.cit. :

[..] " il n'y a pas d'imagerie rupestre au Sahara avant le Néolithique." (Hugot)

Mais il faut donner une date au moins approximative à chacune des images et c'est de la plus grande difficulté

"[...] Henri Lhote .....a beaucoup contribué à leur classement par étages. Bien entendu, dans les détails, ce classement reflète plus une méthode de travail qu'une réalité absolue, au sens scientifique du terme, mais il a le mérite d'exister et nul ne conteste plus d'ailleurs les grandes divisions relatives qu'il propose....Hugot, p239

"Les grandes divisions chronologiques

[...] Au fil des millénaires remplissant les époques du Néolithique et des premiers âges des métaux, les grandes divisions, à la fois stylistiques et chronologiques, sur lesquelles tout le monde est d'accord, sont les suivantes :
1 — La période du Bubale, ou des chasseurs, avec ses gravures naturalistes et sa grande faune « éthiopienne », qui débute dès le Ve ou peut-être le VIe millénaire, et où n'apparaît encore aucune trace de domestication, sauf celle du chien.
2 — La période des pasteurs bovidiens, qui couvre sans doute l'essentiel de la période néolithique, jusqu'au IIe et peut-être même Ier millénaire. C'est la grande époque des scènes liées à l'élevage du bœuf, des animaux et des personnages nombreux, traités en style naturaliste.
3 — La période du cheval, avec ses typiques personnages à silhouettes géométriques : elle se situerait vers la fin du IIeme et dans le Ier millénaire.
4 — La période du chameau, autour de l'ère chrétienne.
Dans ce schéma, nous n'avons pas fait figurer un groupe classiquement appelé « période des têtes rondes ». C'est qu'il n'a de valeur que stylistique. Il s'agit d'un ensemble de peintures assez homogène, caractérisé par des figurations très schématiques et conventionnelles, mais dont la datation est très controversée. Certains le situent au début de la période bovidienne, voire même vers la fin de la période bubaline. Nous exposerons plus loin que nous le voyons plutôt contemporain des bovidiens.
A l'intérieur de ces grands étages, diverses « phases » ont été proposées, plus ou moins justifiées.[...]
" Hugot p 248

*


N.B.
ne sont donc proprement néolithiques que les
deux premières périodes:

archaïque (bubaline ?) et bovidienne

 


On peut lire une partie des discussions sur le sujet dans l'article de H. Lhote, G. Camps et G. Souville, « Art rupestre », in 6 | Antilopes – Arzuges, Aix-en-Provence, Edisud, (« Volumes », no 6) , 1989, accessible en ligne http://encyclopedieberbere.revues.org/2599

Lhote y écrit en particulier :

"Cet étage est incontestablement le plus ancien dans l’état actuel de nos connaissances. [..] Malheureusement, aucune datation par le C.14 n’est venue, jusqu’ici, dater les buffles et les grands éléphants, tant dans le Sud oranais qu’ailleurs au Sahara. [..] H. Lhote, 1989

Muzzolini

"1) récuse la notion de période bubaline......
Pour nous, cette prétendue période bubaline n'est qu'un style, une école d'âge déja bovidien" ou "pastoral"...
A. Muzzolini, op.cit.

Les dates (au moins -5000 pour Lhote) lui paraissent également "très hautes"

D'autre part, pour étayer leur argument de grande ancienneté de cette période, les premiers auteurs/chercheurs arguaient du fait que les gravures ne représentent que des animaux sauvages et sont donc antérieures à l'époque connue des domestications (à part celle du chien).

Or
Jean Loïc Le Quellec, sur son site : http://rupestres.perso.neuf.fr , art. : "Chasseurs" et "Pasteurs" au Sahara : " les "Chasseurs archaïques" fezzanais chassés du paradigme" , souligne que :

"...parmi ces gravures, la présence de bovins domestiques est bien attestée par des troupeaux accompagnés de personnages, et surtout par des boeufs porteurs, montés, sellés, décorés, tenus en longe et accompagnés de chiens.... J L Le Quellec, 2009

Les discussions sur ces chronologies étant ce qu'elles sont, elles réservent des conclusions ultérieures changeantes...
Le classement par dates et périodes est aléatoire sauf plus ou moins relativement, en tenant compte des styles et écoles.

La période bubaline, dont les limites se discutent, est jusqu'ici caractérisée par le fait qu'on y recense que des gravures.
La période bovidienne est caractérisée par beaucoup de
peintures mais aussi des gravures, du coup plus ou moins difficiles à classer .

Donc, nous envisagerons séparément gravures et peintures en les classant par date "plausible" pour chacune, de la plus ancienne à la plus récentes .

haut

Interprétation des sujets

Interprétation des sujets

Difficultés qui nous concerne particulièrement :

diagnose de l'espèce
nature réelle des sujets faisant l'objet des figurations et, en l'occurence, les chiens...

Donc
chien ou pas chien ?

Dans l'ouvrage déjà cité sur ce site : "L'art de la Préhistoire" de L-R. Nougier,

"Plus rares sont les scènes où les chasseurs utilisent les services du chien, comme à Alpera.* Certains ont voulu voir, dans la présence de ce fidèle compagnon de l'homme, un indice chronologique, pour une datation tardive de ces fresques. L'argument ne tient pas.[.]" Nougier, p 258

* scène de chasse au cerf peinte dans la Cueva Vieja d'Alpera (Espagne), relevé de J. Cabre Aguilo.)

Discussion: la nature "canine" du dit "chien" de ce document se discute:
Nous verrons que très généralement les chiens des fresques rupestres sont présentés avec la queue relevée haut, voire enroulée...et plutôt effilée (en tout cas ne présentant pas de renflement terminal typique...) (encore que...)

La queue de ce sujet
, de même que ses proportions générales nous incitent au doute: on peut aussi bien penser à un autre canidé (?), à un félin, à un mustélidé (un peu grand)..... (encore que les proportions peuvent indiquer un sub-basset, type petit chien courant suisse par exemple)....

N.B.: dans les arts anciens du Moyen Orient, par exemple, on note que la différence lion/chien la plus constante dans les représentations est le "pompon" terminal de la queue du lion.....,
Ceci ne vaut que pour une sorte de "pompon terminal" spécifique du lion, car, dans certains cas de chiens à pelage "frangé" la "frange" peut s'épaissir vers la pointe .....

2e exemple : scène de chasse à l'auroch constituant la fig5 de l'article de Majeed Khan, Rock art of Saudi Arabia, 2013, www. mdpi.com/journal/arts


sélection dans une photo web
gravures neolith.2/Arabie
.

La caractéristique la plus fiable de reconnaissance du chien, précisémment utilisable sur le tableau ci-dessus pour l'animal de droite est la queue relevée depuis la base et enroulée

à gauche, soit un type de chien différent des autres du tableau, soit un félin qui, en toute logique devrait être un léopard : noter la longue queue non enroulée et son pompon terminal
Note: dans ce cas : qu'adviendrai-t-il du chien ?

Un des grands "handicap" du chien pour être reconnu sur les anciennes images réside dans son absence de corne par rapport à la plupart des autres animaux domestiques (plus anciennement domestiqués que cheval ou dromadaire).
Dans les cas de schématisme extrême de certaines périodes on se contentera donc de parler de
"cornus"

exemple

ci-dessous : scannée dans l'ouvrage de H. Lhote : "Les chars rupestres sahariens", éd. des Hespérides,1982, p 168, fig 54, .avec la légende: [..].époque caballine [..] Abri de Tassigmet, oued Djerat, Tassili,[..] relevé de J.Lesage, mission H. Lhote 1959,
une scène composite qui illustre bien les commentaires de F. Behn, en matière de "contraste" mais aussi de figuration humaine et animale, ainsi que de dynamisme, plus haut,

 

Dans ce tableau, une scène est décrite par Lhote comme étant "un mouflon attaqué par des chiens"

ci-dessus, cette scène est à gauche et en voici la sélection


Discussion

à droite deux canidés attaquent, en effet, un mouflon
mais, contrairement à la légende de Lhote : à cause de la forme de leur queue,
il est très douteux qu'ils aient été des chiens
des lycaons sont beaucoup plus probables

superpositions

Ce dernier exemple fournit en plus, l'occasion de s'interroger sur un autre problème compliquant les interprétations d'images qui est celui des superpositions

Ici (ci-dessus): la superposition de scènes dessinées à des moments différents est plausible ... et même probable,

En efffet : il y a bien des chiens dans ce tableau
Mais ils n'attaquent pas le mouflon
Ce sont 2 lévriers qui accompagnent un homme (apparemment un berger/bouvier?) : 1 lévrier de couleur grise plus claire que celle des autres sujets et semblable à celle de l'homme
partiellement caché par un 2e lévrier qui lui passe devant au niveau du haut du corps, ce lévrier là de la couleur des autres animaux

Interprétation : Si le relevé est fidèle : le dessin de cette scène n'est pas d'un seul jet......
plausible: le dessin le plus ancien comprendrait l'homme et le lévrier gris.
Les lycaons, le mouflon et le lévrier noir auraient été superposés secondairement
mais : à la même période caballine et dans le même style
(NB: parole de profane en matière d'histoire de l'art)

Lévriers de la même "époque des chars"

scanné sur le même ouvrage, p92, im.37
légende: "Char peint participant à un combat"...
A noter
à droite les trois chiens qui participent à l'action. Oued Djerat, Tassili, Doc. H. Lhote"
qui ont tout du lévrier (les queues un peu "escamotées")

ci dessous : photo de cette scène copiée sur internet
Wikimedia Commons fond Passaré

Ces figurations nous font entrevoir (entrre autre) la fragilité du témoignage que nous laissent ces rupestres

Le problème des superpositions reviendra au fil de nos recherches d'images de chiens, sous des angles divers :
en particulieer avec des superspositions d'époques très différentes et de "souillures" et dénaturations par gribouillages (graffitis) modernes....

fidélité des représentations

sous le triple rapport:

fidélité des relevés
fidélité des reproductions
fidélité des oeuvres au sujet

Les premières images qui nous sont parvenues sont, pour la plupart, des "relevés" qu'ont publié les pionniers découvreurs des oeuvres....
Elles soulèvent beaucoup d'interrogations.

exemple concernant notre sujet canin qui permet de s'interroger

1) Copie de ci dessus, art. Muzzolini cité

2) relevé issu de "Le chien", Méry, op. cit.


.

3) scan. sur X. Przezdziecki "Le destin des Lévriers'" op.cit.
lég. : Lévrier accompagnant un chasseur masqué

de gauche à droite les deux premiers sont très semblables mais le troisième est assez différent,
quoique
, selon toute vraissemblance, il s'agisse du même original*

*N.B. : léger doute pourtant à ce sujet : en effet, le guerrier de droite, nettement plus allant que les deux de gauche apparaît peut-être dans un autre doc. mais sans le chien.... , en tout cas sur la reproduction observée à creuser...

.

Pour comparaison : sur les images rupestres ci-dessous nous pensons que
ce sont
indubitablement des chiens qui sont représentés


H.Lhote, "à la découverte des fresques du Tassili", Arthaud, 1973, im. 48 et 59

web


site de Tanum, (Fossum) Suède,
ph Olof Elkström 2004.Wiki. comm

Noter dans tous les cas de chiens, la proximité et l'interaction de l'Homme,
scènes de chasse ....


Bien sûr, rien ne vaudra désormais les photos, bien que, sans traitements spéciaux des oeuvres sur le terrain, elles soient pour le moment souvent difficiles à interpréter, en attendant des procédés de plus en plus modernes...

B.Q. 2013
révision 2021

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