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ETHNOLOGIE

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APPRECIATION

EXPOSITIONS

.
Intérêt et inconvénients des expositions canines
Guy QUEINNEC

I - INTRODUCTION

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L'exposition canine est un lieu où des personnes, appelées exposants, viennent présenter un ou pliusieurs chiens à l'appréciation d'un juge, nommé par la Société Centrale Canine sur proposition du club de race, seul reconnu par la SCC pour la gestion de la race.

Les expositions font l'objet de règlements précis et prétendent remplir une fonction de sélection et de publicité pour les races, tout en ofrant un spectacle au public.

Ces trois aspects sont inégalement répartis.

Dans la gamme nous trouverons :

  Présentations canines
  Elles n'ont pas de valeur sélective, seulement de publicité, et ne délivrent pas de titres. Elles sont souvent assorties de séances de confirmation qui permettent l'inscription de géniteurs potentiels.

Expositions multiraces nationales

  Elles attribuent un Certificat d'Aptitude au Championnat de Conformité au Standard (CACS) et présentant donc une fonction sélective.
Regroupant environ 500 à 1500 chiens, elles accordent plus de place aux fonctions de sélection et de publicité qu'au show.
Mais au fil des années, la part dévolue à la sélection a diminué, pour des motifs parfois économiques, le plus souvent en raison de la dévalorisation du CACS aux yeux des clubs de race, des exposants, et hélas parfois de certains juges.

La compétition y est souvent faible et l'indulgence sera d'autant plus acquise que le juge connaît les exposants, quand il n'a pas lui même sollicité leur venue pour des motifs de rentabilité, de prestige, de nécessité ( satisfaire aux règlement du cursus de juge).

Les juges qualifiés mais aussi les staiaires y sont autorisés, ces derniers ayant besoin de juger 3 ou 4 fois pour être qualifiés. Les juges sont choisis par l'organisateur. La règlementation elle-même tend donc à considérer les expositons à CACS comme de épruves pour débgutants, ce qui pèse parfois lourd sur leur réussite.

Les Régionales ou Nationale d'Elevage

  Réservées à une seule race, ou à un groupe géré par le même Club, et sont une réponse à la dévaluation du CACS.*
* Note: On y attribue en effet le CACS dans le cadre spécial de la race et celui-ci s'en trouve valorisé)

Le Club choisit les juges et accorde donc plus de foi à leur appréciation.
Cela peut reposer sur des critères de compétence accrue, mais aussi sur des répartitions de récompenses entre les exposants membres du Comité du Club et donc décideurs de l'invitation.
Nous avons ainsi participé à des réunions où la future distribution dse faisait un an à l'avance.
Dans un autre cas le délégué régional, organisateur, a fait un éclat et démissionné pour n'avoir pas obteenu le CACs malgrè les services rendus.

Ces expositions sont donc d'une extrême ambiguité, les plus sérieuses dans les Clubs sérieux, les plus frelatées dans d'autres.
Leur règlement est particulier et autorise à connaître les origines, à faire un jugement collectif. Mais cela est inégalement appliqué.
On peut dire que lorsqu'il y a un jugement collectif au stade ultime, quelles qu'en soient les modalités, il y a une volonté de sérieux sélectif.
Lorsque le jugement est analogue à toute exposition il y a volonté d'en faire une consolante de Longchamp, une récompense pour services rendus dans le meilleur cas, un remboursement d'échanges mutuels dans le pire.
Une bonne mesure de moralisation consisterait à y interdire les engagements de tout éleveur membre du Comité du Club de race.

Les Expositions internationales

  Gérées par la FCI, elles accordent le Certificat d'Aptitude au Championnat International de Beauté (CACIB)

Les juges y sont obligatoirement qualifiés, et la plupart sont très expérimentés.
Mais la FCI déniant toute valeur au travail, préconise le show de type anglo-saxon, avec tous les maquillages de présentation ou de toilettage.
La SCC elle-même, à l'Exposition de Longchamp, suit cette voie, d'une part en organissant des concours de présentateurs, d'autre part en plaçant les juges dans les conditions techniques qui interdisent toute analyse sérieuse des concurrents.

  Nous avons ainsi vu en 1997 triompher une femelle Whippet qui dépasse nettement la limite de taille exigée pour la confirmation, qui est déjà elle-même de 2cm supérieure à la limite du standard.
L'Exposition de Longchamp, qui offre accès au Championnat, est en réalité une vitrine publicitaire usurpant une prétendue fonction de sélection.

Une partie des incohérences est due à ce que, soit pour des raisons politiques, soit pour permettre d'assurer un cartel de juges, les organisateurs font appel à des juges étrangers multiraces, qui n'ont ni la même formation, ni les mêmes critères que les juges français.

On assiste alors à un paradoxe bien français : les Clubs be nomment pas certains candidats juges multiraces au nom de leur compétence présumée, mais se satisfont des résultats décernés sur d'autres normes de standard et de jugement par des juges qu'ils ne contrôlent pas. Cela contribue à dévaloriser les juges français par rapport à leurs collègues étrangers.

A la demande de la SCC nous avons proposé de corriger diverses anomalies et d'instaurer des juges de groupes, mais le projet, pourtant voté par le Comité, a été renvoyé et enterré par le Président Michel.Il n'est même pas encore publié pour analyse.
Nous voyons donc déjà, sur cette simple nomenclature apparaître incohérences, contradictions, entraînant de grandes divergences sur les aventages et les inconvénients des expositions canines. Cela provient artie des critères adotés pour y juger, au delà de l'objectif fourni à la galerie ou au profane et qui sera toujours de sélectionner le meilleur.

II - CRITERES DU JUGEMENT EN EXPOSITION

Apprécier un phénomène quelconque, c'est se situer par rapport à un certain nombre de références, ce qui permettra de le classer dans l'étendue de la variation que l'on peut rencontrer.

Chaque référence retenue conduit à une gamme d'appréciations différentes : beauté, aptitudes, caractères, robustesse, etc...

Ainsi le jugement d'un chien revient à examiner et apprécier les régions du corps, de même que l'ensemble de sa morphologie (ce que l'on appellera souvent type).
Cet examen permet de situer l'animal par rapport à des normes précises, ordonnées et codifiées que l'on appelle le standard.
Celui-ci est aussi limitatif qu'un code pénal :

  Tout ce qui est dans le standard doit être pris en compte, tout ce qui n'y figure pas n'a pas de valeur normative.

Mais si précise que soit la rédaction d'un standard, elle fait appel à des notions apptoximatives, comme forte ossature, côtes assez plates, etc...

Ces termes sont en réalité bien parlants pour une personne expérimentée, qui connaît l'anatomie et la construction du chien en général, sans se limiter au cas d'une seule race ou d'un seul modèle. Cest justement une connaissance étendue qui permet de situer l'individu dans la variation de l'espèce.

En principe cela devrait suffire pour l'appréciation. En fait le juge est limité par les conditions techniques de l'appréciation : nécessité d'aller vite, tâches accessoires, éclairage et nature du sol, oubli du libellé exact du standard. Il aura par contre enregistré les éléments généraux qui caractérisent les meilleurs sujets et qu'il baptisera type. On le verra alors, non plus juger par référence aux régions du corps, mais par comparaison aux divers contemporains qui lui sont présentés.

Il y sera poussé par l'avis du Club, celui de ses collègues, la pression des éleveurs influents, et on observera peu à peu des glissements par rapport au standard.
Parfois ceux-ci porteront sur l'exagération d'une qualité, aboutissant à l'hypertype.
Très souvent ils conduiront à de telles déviations que le standard paraîtra différent de ce qui est souhaité! Dans ce cas on préconisera souvent de corriger le standard pour l'ajuster à la demande, au nom de motifs spécieux, alors qu'en fait cela traduira une déviation de la race. Mais le principe scientifique de la comparaison aux contemporains n'est pas erroné, il est largement appliqué pour l'évaluation des vaches laitières.

Nous avons simplement ici deux grilles distinctes de lecture qui ne se recouvrent que partiellement. Le zootechnicien préconisera la première, l'amateur d'une race préférera la seconde.

Or la race elle-même, et donc sa description, sont relatives à tout un ensemble de populations voisines. Toute race tend à glisser de son modèle initial vers un autre si on ne maintient pas fermement les rênes. Or, cette race ne s'est isolée que parce qu'elle correspondait à une demande, qui a justifié sa fixation. Si la demande évolue, soit par mode, soit par changement des aptitudes recherchées, la race devra évoluer sous peine de disparaître.

Le jugement sur le type retrouve ici une supériorité par rapport au standard, car il permet toutes les adaptations, y compris d'ailleurs celles du clientélisme.

Deux grands courants semblent s'affronter dans le monde sur les motivations de l'identité ethnique.

Pour les uns, seule l'apparence compte, qu'il s'agisse de la construction ou du pelage, du brio, de l'élégance. La compétition se fera alors sur des critères de pur esthétisme, que nous tendons à baptiser show. Cela n'est pas choquant, il y a bien une valeur accordée aux sculptures, aux tableaux, pourquoi n'y en aurait-il pas pour les formes vivantes?

L'appréciation va dès lors tenir compte de la présentation, c'est à dire du dressage à des positions ou allures conventionnelles, du toilettage, c'est à dire du maquillage de l'apparence.

  Nous ne sommes plus dans une logique de sélection, mais dans une logique de spectacle, qu nul ne peut condamner si le spectacle plaît.

Pour les autres, notamment en France, la race n'a de justification que dans les aptitudes sélectionnées sous ce terme : chasse, défense, course, tendresse,etc...
Dès lors les concours d'utilistaion trouvent une primauté qui pourraît faire disparaître la notion de modèle au seul profit du résultat. Le danger est alors de ne plus pouvoir effectuer de prévision au seul vu de l'apparence. Il devient nécessaire de maintenir la conformité au satndard, qui devient non plus un objectif en soi, mais la garantie que le contenant recouvrira bien un contenu de qualité. Le jugement vise alors à chercher des indices de valeur au traavers de la morphologie, c'est ce que l'on appelle le lien morphologie-aptitudes.

Cette conception est très ancrée chez nos juges et éleveurs, mais elle ne paraît pas toujours reposer sur des bases rigoureuses. D'ailleurs la SFC n'a jamais réussi à bâtir un séminaire sur le thème morphologie-aptitudes malgrè nos souhaits.

Cela mérite des études, car il y a néanmoins des liens ou des corrélations qui ne sont pas toujours ce que l'on pensait.
Nous voyons donc déjà apparaître 4 grilles qui conduisent à des hiérarchies différentes. La formation des juges, les règlements des expositions, les tendances de la demande, vont orienter les jugements plutôt vers telle ou telle, parfois, mais plus rarement vers une seule.

La logique show, type, nous paraît la plus répandue, avec un bon noyau accroché au lien morphologie aptitudes.

La logique conformité au standard est si faible que nous pensons qu'il faut la réserver aux régionales et nationales d'élevage, avec des fiches d'évaluation du respect du standard, au moins en commission de sélection. Ces fiches devront naturellement être rendues publiques pour servir l'élevage.

III - INCONVENIENTS DES EXPOSITIONS

1) VALEUR SELECTIVE

Rappelons que la formation des juges est de type compagnonnage, obtenue au cours d'assessorats où l'impétrant est censé recevoir une formation.

Mais les formateurs n'ont jamais reçu d'initiation pédagogique pour faire passer leur message. Bien que la réglementation leur fasse obligation d'assister à des séances teechniques, celles-ci n'ont pas été mises sur pied par la SCC.

On peut donc dire que les formateurs sont ceux qui à titre technique ou autre ont la confiance du Président du Club.

Beaucoup sont expérimentés et jugent plutôt sur le type ou le show, ce qui conduit à une lente dégradation de l'information fournie aux élèves juges. Certains d'entre eux compenseront par un travail personnel, mais ils n'y sont pas tenus. Le fait que l'examen dit parallèle soit souvent un rituel de compagnonnage plutôt qu'une épreuve, renforce la sujétion psychique du candidat. D'ailleurs cet examen parallèle n'est exigé que pour une première candidature.

Incohérence des buts, incohérence des pratiques, incohérence des textes, insuffisance de soutien aux juges, toute puissance des Clubs, toutes les conditions sont réunies pour faire peser un doute sur la valeur sélective des expositions, alors que nul ne contestera leur valeur publicitaire pour l'exposant, l'éleveur et la race.

2) CONSEQUENCES SUR LA MORPHOLOGIE

  Hypertype et manque de type

Le système tendra à privilégier le chien qui se dégage du lot par une prestance particulière. On rique alors fréquemment l'hypertype qui est une exagération d'un détail recherché, au point de nuire à la fonction, voire à la santé.
Ce sont de telles déviations qui ont conduit le Conseil de l'Europe à demander en 1996 des modifications de standard, voire des interdictions d'élever, et cela pour une quarantaine de races.

La SFC a fourni le texte à chaque club, mais sans susciter d'intérêt quelconque, l'opinion s'étant focalisée sur la coupe de queue et la coupe d'oreilles.

La Commission Zootechnique de la SCC a pourtant rappelé que l'hypertype est un motif de non confirmation au même degré que le manque de type.
Et pourtant le pelage des lévriers afghans ou des Cockers américains est bien loin de la fonction.
Que dire des plis du Sharpei, du museau du Boxer, du dessus des Bergers allemands, des pattes des Teckels britanniques, de la poitine de certains Azawakh, des poils faciaux des Briards, de la mythologie des ergots, etc....
L'expressiion manque de type va elle-même susciter des ambiguités.

La Commission Zootechnique de la SCC l'a malheureusement définie sur des critères zootechniques, c'est à dire sur l'absence des caractères ethniques, ceux qui parmettent de distinguer un Teckel d'un lévrier.

Nous dirons : manque de type= corniaud....

Mais les cynophiles entendent au contraire une absence de qualités recherchées dans la race.
Un lévrier lourd, massif et à membres un peu courts, ne sera plus dans le type, bien qu'il soit lévrier.

  Déviations anatomiques

La présentation en main type FCI recherche un chien levant la tête avec fierté (ou arrogance) avec un poitrail bien avancé, un dessus oblique et descendant vers l'arrière, des membres postérieurs allongés sans angulation dans le prolongement du dessus.
La généralisation de cette pratique aboutit à des défauts graves.

D'une part le sternum va basculer vers l'avant, se relever sur le larynx, l'appendice xiphoîde se plaçant entre les coudes.
Le chien a fort belle allurre, l'absence de côtes asternales accentue la silhouette trapézoïdale recherchée.

On aboutit soit à des poitrine retranchées avec disparition ou déformation des côtes asternales, voire éversion costale avec flottement de l'hypochondre.
Cela gagne beaucoup de races.

Nous avons ainsi été mandaté pour examiner un chien titulaire de plus de 20 CACIB, de 5 Best in Show, vainqueur de Championnat de France, etc...et... refusé à la confirmation.
Cet animal avait un manubrium sternal contigue au larynx, le xiphoïde en avant des coudes, les jonctions costales remplacées par un amas osseux sphéroïde, le "ventre de batracien" et en outre...un articulé dentaire avec les deux arcades incisives croisées orthogonalement.

Il faudrait donc veiller, dans toutes les races, à ce que le manubrium ne dépasse pas la hauteur de l'articulation scapulo-humérale, car ces monstres anatomiques ont énormément d'allure dans un ring.
La descente du dessus (le dos) conduit à des déplacements de l'articulation coxo-fémorale aujourd'hui bien connus.

Mais pour tenir en statique prolongée, le chien va transférer son centre de gravité vers l'avant avec apparition de dysplasies du coude, ou tout au moins d'arthroses du coude.

L'angulation des jarrets va s'inverser et devenir plus ou moins mobile, préfigurant de graves difficultés de locomotion.
le phénomène est présent dans deiverses races où le standard précise faibles angulations, comme chez ceratains molosses ou chiens nordiques, si la mise au travail n'accomplit pas la régulation nécessaire. peu à peu, l'oeil du juge s'accoutume à ces silhouettes et ne voit plus le dos voussé ni le jarret inversé.

Dans d'autres races la présence de doubles ergots, parfois ossifiés, apparaît si souhaitable qu'elle va entraîner une forte panardise nécessaire pour laisser place aux ergots. Toute la structure des membres postérieurs en sera affectée.

Dans telle race on va souhaiter un garrot plus bas ou plus haut que la croupe, avec panardise intense du membre concerné pour provoquer la hauteur souhaitée.


3)
ALLURES ARTIFICIELLES

La présentation à l'américaine recherche souvent un parallélisme du mouvement des membres, accompagné parfois de raideur du carpe.
On verra ainsi, bien des vainqueurs marcher comme s'ils avaient fait dans leur culotte.
Certaines démarches primées sur les rings ne sont pas plus normales que celles des femmes dans les défilés de mannequins.

Rappelons que tous les chiens sont appelés à se déplacer au galop. Dans cette allure les antérieurs passent entre les postérieurs. Par conséquent, l'ergot va gêner l'allure, et il sera normal d'avoir des antérieurs légèrement cagneux et de postérieurs légèrement panards. C'est aussi ce que l'on observe chez les cracks de cynodrome.

Au trot rapide, les membres tendent à se rapprocher du bas jusqu'à laisser parfois une trace en ligne sur le sol, alors que la démarche en tricycle recherchée sur le rings est une hérésie fonctionnelle. Un vélo tourne mieux qu'un triporteur.

On pourrait multiplier les exemles. Ce qu'il faudrait c'est qu'un oeil averti mais neuf (un juge d'une autre race, un zootechnicien, etc..) vienne périodiquement regarder les nationales d'élevage pour donner son sentiment.
Des séances d'harmonisation, de formation, d'explication, sont nécessaires pour les juges qui tiennent à sélectionner.

Ceux qui se spécialisent dans le show auront plutôt besoin de coiffeur et de tailleur, mais aujourd'hui nous ne parlons que d'appréciation zootechnique.
Au lieu de crier après les juges en leur prêtant telle ou telle turpitude, il vaudrait mieux les former et les encadrer, sans brimades, pour que leur immense dévouement à la cause canine ne soit pas motif à avanies.
Il serait également salutaire que les exposants aillent vers les juges sérieux.

Aujourd'hui, du fait de l'impact publicitaire, beaucoup ne cherchent qu'à gagner quelque soit le chien. Ils se tourneront alors vers le juge inconstant ou désinvolte, donc capable de primer un sujet médiocre.

Réfléchissons au phénomène paradoxal :
Si les jugements étaient rigoureux, on connaîtrait pratiquement le vainqueur dès la liste des engagements établis. Donc ceux qui viennent avec un moins bon chien espèrent que le juge se trompera en leur faveur.

La réussite commerciale des expositions est largement fondée sur la présomption d'incompétence des juges!
Heureusement il y a les naïfs d'une part, et les vrais sélectionneurs d'autre part, qui attendent du juge plus de sérieux. Leur permanence dans les expositions atteste que la présomption d'incompétence n'est pas fatale.

Nous terminons ce chapitre en rappelant qu'on n'améliore pas une conformité au standard. Le chien est ou n'est pas conforme. Le progrès ne sera donc pas individuel mais collectif : la race aura progressé quand il y aura davantage de chiens conformes. D'où l'intérêt technique de fiches de pointage et d'évaluation.


4) REGLEMENTS

Le règlement joue un grand rôle.

Ainsi chacun admet aujourd'hui que la dysplasie coxo-fémorale apparaît chez des sujets génatiquement prédisposés lorsqu'il y a conjonction d'excès de calcium, alourdissement du corps, grande vitesse de croissance.

Par conséquent toute recherche de précocité ou d'apparence massive aura des effets de sélection en faveur des gènes de dysplasie.

Or, nous voyons la SCC, malgrè une mise en garde, voter la création d'une class pupilles qui va apporter de l'argent aux caisses des régionales au détriment des risques de dysplasie.
La classe débutants était déjà une erreur technique, alors que nous aurions au contraire besoin de classes vétérans pour mesurer la bonne longévité des chiens et démontrer aux sceptiques la valeur du chien de race.

Tout se passe comme si on considérait le chien d'exposition comme un simple objet vite jetable qui doit rapporter des récompenses rapides.
Ici encore, l'exposition va à l'encontre des missions confiées à la SCC par les pouvoirs publics.

En effet, l'exposant en pupilles ou débutants va rechercher le chiot le plus vite fini pour gagner. Il va donc privilégier la vitesse de croissance et la suralimentation, c'est à dire les facteurs générateurs de dysplasie.

Le toilettage, autoriséa ou non, relève du maquillage à des fins esthétiques. Les teintures, elles, sont carrément de la fraude.

Mais le pire est la présentation en mains.

On autorise là des manipulations anatomiques qui permettent aux aux exposants profesionnels ou expérimentés de corriger de nombreux défauts, et donc de tromper l'oeil du juge.

Combien de vainqueurs éblouissants dans le ring, ne font-ils pas triste figure dans la cage, quand on accepte de les y laisser !

Cette présentation ne devrait être autorisée que dans la phase de classement des meilleurs, une fois que le juge aura pu examiner les chiens dans leur construction réelle.

Il est vrai que nous voyons de plus en plus de chiens dressés à la présentation, sans qu'il soit nécessaire de les manipuler.

Diverses fraudes (teintures, injection de liquide pour faire descendre la poitrne, prothèses, interventions chirurgicales, interversion d'animaux, etc...) ont été signalés, mais elles paraîssent encore marginales.

De toute façon on ne peut éviter la fraude qu'au prix de contraintes qui pénaliseraient lourdement l'immense majorité des concurrents honnêtes et feraient disparaître la convivialité ambiante.


5)
SUR LE COMPORTEMENT

Les américains ont démontré qu'il y avait une corrélation négative entre le caractère du chien et la victoire en exposition.

Rappelons que les schémas français et américains sont si différents dans beaucoup de races qu'on ne peut pas transposer simplement ces observations.

Toutefois la présentation arrogante souvent recherchée est celle d'un signal de dominance, et comme l'homme tient la laisse, de pseudo dominance à vocation d'intimidation.

On peut alors sélectionner des agressifs ou des craintifs masqués.

Nous verrons parfois des sujets conditionnés au tapis roulant, suspendus à un potence pour allonger l'encolure, voire des cas de tétanisation spontanée ou provoquée par divers curarisants, de façon à ce que le chien garde la pose.
Mais l'examen aux allures ou en laisse flottante suffit à écarter ces riques.


6) CONDITIONS TECHNIQUES

Bien des reproches faits au juge sont immérités, car ils sont la conséquence des conditions d'examen que lui impose l'organisateur.
Comment juger sous la pluie battante, dans un ring exigu, avec un sol chaotique, de l'herbe haute ?
Comment apprécier les coloris sans tenir compte de la luminosité environnante?

Quel temps a-t-on laissé aux juges pour officier avant les spectacles de l'après midi et selon l'heure d'arrivée des premiers concurrents?

A-t-il été prévenu des races à juger pour lui permettre de réviser leurs standards ?

Combien de sujets a-t-il à juger, à confirmer?

Quelles formations ont reçu les commissaires de ring, les secrétaires qui vont rédiger les notes avec parfois de cocasses quiproquos qui seront imputés au juge?

Les quelques lignes disponibles sur un "slip" de carnet de juge sont beaucoup pour un juge qui ne juge que le type mais bien peu pour celui qui passe chaque région en revue.

Doit-on mentionner tout ce qui est normal ou complet ou seulement les imperfections au risque de ne voir figurer que des défauts pour le vainqueur et que des qualités pour les derniers.

Les mensurations ne demandent qu'un mètre de coututière et une toise. Encore faudrait-il que cette dernière ait une double potence assurant un minimum d'orthogonalité.


7) FAUSSES CROYANCES

La cynophilie est une montagne de légendes techniques, dues pour la plupart à la généralisation de cas particuliers, ou de fausses interprétations.
On verra alors certains juges exiger tel détail ou subordonner leur appréciation à un autre. La SFC a souvent vilipendé ces erreurs.

Rappelons que le ladre, qui est une dépigmentation des zones glabres de la peau, n'est en aucun cas une anomalie.
Il est normal si le chien a un gène de panachure.
On peut par contre le refuser pour motif esthétique.

L'oeil foncé est une qualité majeure pour beaucoup de juges allemands, comme la denture complète est un dada fréquent chez les français.

Rappelons que les machoires des canidés préhistoriques avaient les mêmes absences dentaires qu'aujourd'hui, et que dans les races qui travaillent les dentures sont complètes que l'on soit sévère ou non.

La Commission Zootechnique de la SCC souhaite de la bienveillance sur ces points, mais elle n'est guère suivie.

Combien de liaisons imaginaires (oeil clair et caractère peureux, pigmentation liée à la couleur de la nourrice, cordon ombilical coupé par les PC1 etc...) n'avons-nous pas lu ou entendu ici ou là.?

Cela démontre l'intérêt de débats techniques sur les critères de jugements.


IV - AVANTAGES DES EXPOSITIONS

A suivre ce qui précède on pourrait se demander à quoi servent les expositions au plan zootechnique.

En fait elles sont irremplaçables et il faudrait les inventer si elles n'existaient pas.

Les critiques portent sur des imperfections pratiques et non sur le principe. Qui plus est, elles sont avant tout le reflet du succès des expositions, qui engendre les principales déviations.

Enfin notons que les principaux reproches portent sur le vainqueurs, c'est à dire ceux qui ont été primés sur un élément parfois contestable au milieu d'excellents sujets.

Ceux-ci par contre sont presque toujours proches du standard et sans exagération.

On peut dire que l'exposition est une confrontation indispensable entre une majorité du cheptel de tête et un effectif moyen, souvent venu à l'occasion d'une confirmation.

Notons également que lorsqu'on fait le tri des meilleurs de groupe on observe tout de même une nette majorité de beaux sujets.

Comme nous l'avons répété, la soumission de nombreuses races à des vérifications d'aptitudes est un rectificatif qui compense les erreurs créées par la tendance FCI..

L'exposition sert aussi à montrer les races, à permettre le débat entre éleveurs, propriétaires et futurs acquéreurs.

Elle est donc le pilier de l'élevage sans lequel les races s'étioleraient.

L'eposition permet aux éleveurs de se faire leur propre opinion sur les sujets exposés, qu'elle coïncide ou non avec celle du juge. Elle évite donc les glissements involontaire hors du type.

Elle permet, par les lots d'élevage, de mesurer l'impact de tel ou tel géniteur, l'homogénéité d'un affixe.

La confrontation des opinions permet la détermination d'un prix et un choix raisonné.

Elle montre la nécessité d'une éducation minimale pour chaque chien et founit l'initiaion des néophytes grâce à laquelle la cynophilie pourra perdurer.

V - CONCLUSION


Comme toujours, il y a plus à dire sur ce qui ne va pas que sur ce qui va.


N'oublions pas qu'avec plus de 100 Expositions par an regroupant 100 000 exposants, le système doit convenir à ses adeptes.

Les griefs sont en fait plus du dépit amoureux que du rejet.

Ceux qui oeuvrent pour le chien de race, éleveurs, juges, dirigeants voudraient améliorer le système et l'épurer.

Mais ils se heurtent à l'inertie de la masse et à la désespérante nonchalance de la direction de la SCC, qui argue de la réussite commerciale pour ne pas entreprendre de modernisation, grâce à la protection que lui offre le monopole de la sélection.

Il existe bien une concurrence avec les foires aux chiens, mais celles-ci ont une vocation marchande plus affirmée qui n'améliore en rien les perspectives techniques.

Seule la prise en compte d'un réel système sélectif pourrait apporter du progrès, à condition de ne pas tomber dans une déviation technocratique qui n'apporterait rien de bon.
En fait le remplacement de l'amateurisme par un bon professionnalisme serait probablement la solution du progrès.

C'est toute la filière canine qui devra un jour se réorganiser si nous ne voulons pas que d'autres nous imposent la leur.


Guy Quéinnec
SFC, Séminaire des 28 et 29 novembre 1997, ENVT

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