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HAUTE ANTIQUITE

cheval aryen et peuples aryens d'orient

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Asie Mineure et Grèce (2)

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plan2


plaque architecturale peinte
Anatolie occidentale, 6eme s. avt J.C.(Musée du Louvre)

tête de cheval ailé étrusque
musée national de Tarquinia
(ph Waugsberg, wiki. com.)


Les peuples aryens et leurs chevaux en Asie Mineure et en Grèce (chapIV,§4) (suite)

Du reste, ce qui permit aux peuples aryens d'Asie Mineure d'arriver en flots nombreux, tant dans les îles de l'Archipel que sur le continent européen, et d'y établir leur puissance, ce sont les progrès qu'ils firent dans l'art de la navigation, par suite de leur contact avec les Phéniciens, antérieurement aux commencements de l'histoire grecque proprement dite.

« Nous pouvons comprendre tous ces peuples établis sur les côtes de l'Asie Mineure, ceux du moins qui appartiennent à la race phrygio-pélasgique, sous la dénomination générale de Grecs d'Orient.

Si différente qu'ait été leur attitude vis-à-vis des Phéniciens, ils ont eu au moins cela de commun qu'ils se sont appropriés la civilisation d'un peuple plus avancé qu'eux et ont dû à force d'intelligence, lui dérober le secret de sa supériorité.

Habitués de longue date à la pêche, ils commencèrent alors à munir leurs canots d'une quille qui leur permît de risquer des traversées plus hardies;
ils copièrent les vaisseaux marchands, arrondis et bombés, les « coursiers marins », comme ils les appelaient; ils apprirent à combiner la voile avec la rame et à gouverner le regard fixé non plus sur les objets changeants du rivage, mais sur les étoiles.....
Aussi ont-ils peu à peu évincé les Phéniciens de leurs parages; et c'est ce qui explique pourquoi précisément sur les côtes d'Ionie, la domination maritime des Phéniciens a laissé si peu de souvenirs. » E. Curtius, Hisf. qrecq.,
t. I, p. 49-50.) .

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« Les Sidoniens et les Cares, dit M. Maspéro, ne s'étaient pas fait faute d'exercer la piraterie dans les mers de l'Archipel.....

Les Grecs s'habituèrent à voir dans la piraterie un métier comme un autre, celui de chasseur ou de pêcheur, par exemple;
quand des inconnus abordaient quelque part, on leur demandait ingénuement (c'est Homère qui l'affirme) s'ils étaient marchands ou pirates.....
C'est à Minos qu'on attribuait la gloire d'avoir détruit la piraterie dans les mers de l'Archipel et d'avoir réprimé les courses des Phéniciens et des Cares.
L'avènement de la domination crétoise marque la fin de la domination sidonienne dans les mers de la Grèce : les quelques colonies qui se maintinrent ça et là ne purent subsister qu'à force de concessions et de ménagements.

Autant qu'on en peut juger, cette révolution s'accomplit vers les dernières années de la dix-huitième dynastie (égyptienne).

Les Phrygiens isolés dans l'intérieur des terres n'y prirent aucune part et laissèrent le soin de l'achever à cette catégorie de peuples à moitié légendaires : Méoniens, Tyrséniens, Troyens, Lyciens, que les historiens classiques et les monuments égyptiens nous ont fait connaître.

D'après les traditions du pays, Manès, fils de Zeus et de la Terre, eut Cotys de Callirhoé, fille de l'Océan.
Cotys engendra Asios, qui donna son nom a l'Asie, et Atys, qui fonda en Lydie la dynastie des Atyades.

Callithea, fille de Tillos et femme d'Atys, mit au monde deux fils, nommés, selon les uns Tyrsênos ou Tyrrhênos et Lydos, selon d'autres Torrhêbos et Lydos.

L'examen de cette généalogie, où sont compris tous les héros éponymes du pays, montre qu' il y eut d'abord sur les côtes d'Asie Mineure un grand peuple appelé Mæones, formé de plusieurs tribus, les Lydiens, les Tyrsènes ou
Tyrrhênes (Toursha) hac10, les Torrhêbes, les Shardanes. » Maspéro, Hist. anc., p. 248-249.

M. Maspéro rapporte ici le chapitre 94 du livre Ier d'Hérodote où est racontée l'immigration en Ombrie de Tyrrhênos qui y fonda la colonie des Tyrrhéniens, ceux-ci ayant abandonné dans cette contrée leur ancien nom de Lydiens; puis il ajoute :

« Cette migration ne se fit pas en une fois et dans une seule direction;
elle se prolongea pendant près de deux siècles du temps de Séti Ier au temps de Rarnsès III, et porta sur les régions les plus diverses.
On trouve les Pélasges tyrrhéniens à Imbros, à Lemnos, à Samothrace et dans la péninsule de Chalcis, sur les côtes et dans les îles de la Propontis, à Cythère et à la pointe méridionale de la Laconie.
Arrivés en Afrique, ils s'allièrent aux Libyens et attaquèrent l'Egypte vers la fin du règne de Séti Ier. Ils furent repoussés si rudement qu'ils s'abstinrent de toute hostilité pendant le régne de Ramsès II.
Les Shardanes faits prisonniers dans cette campagne furent incorporés à l'armée égyptienne et se distinguèrent dans la guerre contre les Khétas. Ils s'y trouvèrent face à face avec les Lyciens, les Mysiens et les Troyens, qui essayaient d'accomplir par terre, et avec l'aide des Syriens, ce que les peuples de la mer n'avaient pu faire avec les Libyens.
La défaite de Kadesh (sous Ramsès II) dégoûta les Troyens des expéditions lointaines; à partir de ce moment, ils ne prirent aucune part aux coalitions contre l'Egypte.»
Maspéro, Hist. anc., p. 250

On sait en outre par Denys d'Halicarnasse que d'autres peuples pélasgiques étaient arrivés en Italie avant les Tyrrhênes ou Toursha : ce sont, les Oenotriens et les Peucétiens, qui, dix-sept générations avant la prise de Troie, c'est-à-dire dans le XIXe siècle avant notre ère, étaient partis de l'Arcadie avec une flotte, sous la conduite de leurs rois Oenotrus et Peucétius, petits-fils de Pelasgus. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, liv. I, chap. 1, § 4-6.

Grâce au vandalisme de tous les peuples qui ont successivement occupé la scène du monde, nous ne connaissons guère la vie intime des anciens peuples aryens d'Asie Mineure et leurs rapports avec les chevaux que par les rares débris, plus ou moins mutilés, de l'ancienne littérature grecque; c'est donc à eux que nous allons nous adresser.

Piétrement 1882

 


Cette colonie des Tyrrhéniens constituera la base (d'aucuns disent l'aristocratie)
de la brillante civilisation étrusque et finalement, pour une grande part, de Rome

 


cavaliers étrusques, 6eme s. avt J.C.
(ph BM) ......



art étrusque, 6 eme s. avt J.C.: fragments de plaques de chéneaux (Musée du Louvre)

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Bien qu'Abdère, située sur la rive européenne de l'Hellespont, ait été la capitale de Diomède, roi des Thraces-Bistons, nous commencerons par ses juments l'histoire des chevaux aryens d'Asie Mineure.

Eurysthée avait ordonné à Hercule d'enlever ces juments.

« Elles étaient si indomptables qu'on leur avait donné des mangeoires d'airain, et si fortes qu'on était obligé de les tenir avec des brides de fer... Amenées devant Eurysthée, les juments furent consacrées à Junon. Leur race subsista jusqu'au règne d'Alexandre le Macédonien. » Diodore, IV, 15.

Quant à la tradition rapportée par Diodore, et suivant laquelle Diomède avait l'habitude de nourrir ses juments de chair humaine, des membres des étrangers, c'est sans doute une allusion à la férocité guerrière de ce roi.

On trouve aussi dans Diodore un autre fait qui se rapporte encore plus directement à l'antiquité de l'usage du cheval chez les peuples d'Asie Mineure.
Avant que le Péloponnèse portât ce nom, son roi Oenomaüs avait appris par un oracle qu'il mourrait lorsque sa fille Hippodamie se marierait.
Dans l'espoir d'éviter ce danger, le roi défia successivement chacun des prétendants de sa fille à une course de chars depuis Pise, sa capitale, jusqu'à l'autel de Neptune, situé dans l'isthme de Corinthe.

Le prétendant vaincu devait être mis à mort et le vainqueur épouser Hippodamie. Oenomaüs, avant de commencer la course immolait un bélier à Jupiter, pendant que le prétendant lançait son quadrige. Mais, à cause de la vitesse de ses chevaux, Oenomaüs atteignait toujours les prétendants pendant le trajet; il les frappait de sa lance, et il en tua un grand nombre.

« Enfin Pélops, fils de Tantale, se trouvant par hasard à Pise aperçut Hippodamie, en devint amoureux et la demanda en mariage. Il gagna Myrtile, cocher d'Oenomaüs, qui lui laissa le temps d'arriver à l'autel de Neptune avant son maître. Oenomaüs, croyant l'oracle accompli, s'abandonna au désespoir et se suicida. Pélops épousa donc Hippodamie et devint roi de Pise.
Il augmenta son pouvoir par son courage et son intelligence ; il soumit la plupart des habitants du Peloponèse et laissa son nom à cette contrée »
Diodore, IV, 73.

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«Puisque nous avons parlé de Pélops, il est indispensable de dire un mot de Tantale, son père, afin de ne rien omettre de ce qui est digne de mémoire. Tantale était fils de Jupiter; il habitait, en Asie, la contrée que l'on appelle aujourd'hui la Paphlagonie ». Diodore, IV, 74.

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Il n'est pas facile de connaître au juste le nombre de chevaux attelés aux chars d'Oenomaüs et de ses adversaires. Diodore dit positivement que le char de chaque prétendant était attelé de quatre chevaux, et Pausanias décrit ainsi le fronton du temple de Jupiter à Olympie :

" On voit Pélops et Oenomaüs prêts a disputer le prix de la course des chars..... A droite est Oenomaüs avec son casque sur la tête..... Myrtilus, qui conduisait le char d'Oenomaüs, est aussi devant les chevaux, qui sont au nombre de quatre" Pausanias, Descript. de la Grèce, V, 10 ; t. III, p. 67-68.

Pausanias raconte ailleurs que le premier prétendant à la main d'Hippodamie fut Marmax, dont les juments s'appelaient Parthénias et Eriphas, ce qui indique un char à deux chevaux ; Pausanias, Descript. de la Grèce,VI, 21; t. III, p. 389 -
et cet auteur dit dans sa description du coffre de Cypsélus :

« Sur le premier côté, en commençant par le bas, voici ce qu'on distingue : d'abord Oenomaüs poursuivant Pélops qui tient Hippodamie; ils ont chacun deux chevaux à leur char; mais ceux de Pélops sont ailés » . Pausanias, Descript. de la Grèce, V, 17; t. III p. 127.

Ce coffre était très ancien; il avait servi, vers l'an 700 avant notre ère, à cacher Cypsélus, qui était alors enfant et qui s'empara depuis de la royauté de Corinthe.
En donnant des ailes, emblème de la vitesse, aux chevaux de Pélops, l'artiste s'est conformé à une ancienne tradition, que Pindare a plus tard racontée de la manière suivante, dans une ode en l'honneur de Hiéron de Syracuse, qui venait de remporter le prix de la course des chevaux montés, à la soixante-quinzième olympiade (480 ans avant Jésus-Christ).

" Parvenu a la fleur de l'âge, lorsque déjà une barbe noire ombrageait son menton, Pélops résolut de former un hymen digne de lui et d'obtenir du roi de Pise la main de l'illustre Hippodamie, sa fille.
Alors il s'approche de la mer blanchissante, seul, dans les ténêbres, et il invoque le dieu des mugissants orages, le maître du trident.
Celui-ci apparut à deux pas devant lui. « 0 Neptune, s'écrie Pélops, si les douces faveurs de Vénus « te sont encore chères, ah! retiens la lance d'airain du cruel Oenomaüs, emporte-moi vers l'Elide sur un char aussi rapide que le vent, et que, par ton secours, j'obtienne la victoire; car déjà treize prétendants ont péri sous ses coups, et il diffère sans cesse l'hymen de sa fille.
Le péril est grand, et ce n'est pas être sans cœur que de l'oser braver. Mais, puisqu'il nous faut fatalement mourir, pourquoi nous consumer dans le repos et l'obscurité?
Pourquoi traîner loin de la gloire une inutile vieillesse? Pour moi, j'affronterai la lutte; et toi, puisses-tu m'accorder un glorieux succès! »
Il dit, et sa prière ne fut pas vaine. Le dieu, dans sa bonté, lui fit don d'un char d'or et de coursiers ailés qui ne connaissaient point la fatigue.
Il triompha du puisssant Oenomaüs, et la jeune fille partagea sa couche.»
Pindare, I "Olympique", p. 6-7 de la traduction Poyard.

Dépouillée de son revêtement poétique et allégorique, cette tradition signifie simplement que le Lydien Pélops à la barbe noire, ancêtre d'Agamemnon et du blond Ménélas, arriva en Elide avec des coursiers venus comme lui d'outre-mer, d'Asie Mineure; et que ces chevaux avaient assez de vitesse et de fond pour vaincre ceux d'Oenomaüs, dans une course dont le trajet sera déterminé plus loin.
On sait du reste que dans l'Enéide,VII, vers 277, Virgile se sert également de l'épithète alipèdes, "aux pieds ailés", pour peindre la vitesse des chevaux de Latinus.

Piétrement 1882


autres productions étrusques


urne cinéraire
musée Guarnacci, Volterra, Toscane


urne cinéraire historiée,
musée archéologique de Florence

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